Radiculalgie et syndrome canalaire

Item 95 UE V



 

1 - Atteintes radiculaires des membres inférieurs

1.1 - Lomboradiculalgies communes

Une lomboradiculalgie est une douleur partant de la région lombaire ou lombofessière et irradiant dans le membre inférieur (voire aux deux) selon une topographie métamérique. Cette douleur peut être en rapport avec une atteinte du nerf crural (racines L3 ou L4) ou du nerf sciatique (racines L5 ou S1) (tableau 4.1).
 
Tableau 4.1 : Topographie des lomboradiculalgies.

  Territoire sensitif Réflexe ostéotendineux Déficit moteur Mouvement
Racine L2 – Face médiale de cuisse   Psoas Flexion hanche
L3 – Face antérieure de cuisse
– Genou
Patellaire (rotulien) Psoas Flexion hanche
Quadriceps Extension genou
L4 – Face antérolatérale de cuisse
– Face antérieure du genou
– Bord antérieur jambe
Quadriceps Extension genou
Tibial antérieur Dorsiflexion pied
L5 – Face postérolatérale de cuisse
– Face postérolatérale de jambe
– Malléole externe, dos du pied, 1er orteil
  Long extenseur de l'hallux, long extenseur des orteils Dorsiflexion orteils
Tibial antérieur Dorsiflexion pied
Fibulaires Éversion pied
Moyen glutéal Abduction hanche
S1 – Face postérieure de cuisse et jambe
– Talon
– Plante, bord latéral du pied, 5e orteil
Calcanéen (achilléen) Triceps sural Flexion plantaire pied
Ischiojambiers Flexion genou


 
Comme pour les lombalgies, le terme de lomboradiculalgie « commune » ou « non spécifique » s'applique pour les pathologies mécaniques fréquentes (discopathies, arthrose, rétrécissement canalaire) et s'oppose à celui de lomboradiculalgie « secondaire » en relation avec des affections inflammatoires, fracturaires, infectieuses, tumorales.

1.1.1 - Lombosciatiques

Les lombosciatiques sont les plus fréquentes des lomboradiculalgies. Elles sont à l’origine d’une douleur de la face postérieure ou latérale du membre inférieur. L’origine discale (hernie discale) est la plus fréquente chez les sujets jeunes (20 à 40 ans), tandis que l’origine arthrosique (zygapophysaire) est plus fréquente chez la personne âgée. Le mécanisme dans les deux cas est celui d’une compression radiculaire.
Les deux questions essentielles sont :

  • Est-ce bien une lombosciatique commune ou y a-t-il des éléments atypiques faisant évoquer une lombosciatique secondaire ?
  • Y a-t-il des signes de gravité nécessitant un avis chirurgical en urgence et donc une prise en charge hospitalière en milieu médico-chirurgical ?

Interrogatoire

  • Le siège et le trajet de la douleur (ou des paresthésies qui ont la même valeur localisatrice si le trajet douloureux est tronqué) :
    – l'irradiation s'accompagne-t-elle de lombalgies ?
    – est-elle unilatérale ou bilatérale ?
    – a-t-elle un trajet précis ? qui peut être :
       . L5 : fesse, postérolatéral de cuisse, latéral du genou, latéral ou antérolatéral de jambe, malléole latérale ou gouttière prémalléolaire, dos du pied, hallux ou deux ou trois premiers orteils ;
       . S1 : fesse, postérieur de cuisse, creux poplité, postérieur de jambe (mollet), tendon calcanéen ou rétromalléolaire latéral, talon, plante ou bord latéral du pied jusqu'au cinquième orteil ;
    – parfois la topographie est plus étendue, touchant plusieurs territoires : L5 et S1, voire L4 ou dernières racines sacrées.
  • Le rythme de la douleur :
    – habituellement mécanique (principalement le jour, augmentant avec l'activité et s'améliorant au repos) ;
    – elles peuvent parfois être inflammatoires, c'est-à-dire nocturnes, réveillant le sujet la nuit, associées à un dérouillage matinal prolongé ; les douleurs inflammatoires doivent faire suspecter une lombosciatique secondaire.
  • Le mode de début :
    – brutalement, après un effort pour la lombosciatique commune ;
    – les douleurs insidieuses, progressives et survenues sans facteur déclenchant sont plus en faveur d'une origine symptomatique.
  • Le mode d'évolution :
    – habituellement douleur d'emblée maximale, avec amélioration progressive pour la lombosciatique commune ;
    – une aggravation progressive doit faire rechercher une lombosciatique secondaire.
  • Les antécédents lombalgiques : épisodes douloureux lombaires, régressifs, peu invalidants pour la lombosciatique commune.

Comme dans toute douleur, la douleur sera quantifiée sur une échelle visuelle analogique ou numérique, en séparant le cas échéant la douleur radiculaire de la douleur lombaire.
Ainsi, l'interrogatoire oriente vers une lombosciatique commune ou une lombosciatique secondaire :

  • lombosciatique commune : monoradiculaire (L5 ou S1), rythme mécanique, effort déclenchant, antécédents de douleur aiguë lombaire ;
  • lombosciatique secondaire : pluriradiculaire, rythme inflammatoire, d'intensité croissante, sans lombalgie associée, sans effort déclenchant, survenant chez un sujet âgé.

Examen physique

L'examen physique recherche les éléments suivants :

  • un syndrome rachidien :
    – attitude scoliotique : inflexion latérale irréductible du fait d’une contracture lombaire, évocatrice d’une hernie discale ;
    – des douleurs à la palpation du rachis lombaire ;
    – une raideur rachidienne : diminution de l’indice de Schöber ; augmentation de la distance doigts-sol ;
  • un syndrome radiculaire :
    – un signe de Lasègue : déclenchement de la douleur radiculaire (et non lombaire) en soulevant le membre inférieur en extension ; on peut retrouver également un Lasègue croisé (la douleur radiculaire est reproduite en soulevant le membre controlatéral à la douleur, vidéo 4.1 ;
    – un déficit moteur par un testing analytique des muscles du métamère concerné (tableau 4.1). De façon plus globale, la marche sur les talons, qui teste les releveurs du pied, détectera un déficit L5. La marche sur les pointes, testant le triceps sural, identifiera un déficit S1. Ce déficit sera quantifié (tableau 4.2) et permettra d’identifier une lombosciatique grave en cas de déficit moteur coté à 3 ou moins ;
    – une atteinte sensitive superficielle au pic-touche (hypoesthésie ou dysesthésie) sans valeur autre que localisatrice, ou profonde, évocatrice d’une atteinte cordo-nale postérieure ; l’atteinte sensitive ne fait pas partie des éléments de gravité d’une lomboradiculalgie ;
    – une abolition du réflexe tendineux calcanéen, évocateur d’atteinte S1 ;
    – l’existence d’un syndrome de la queue de cheval : hypo- ou anesthésie en selle du côté symptomatique, perte du tonus du sphincter anal, dysurie ou rétention urinaire, incontinence urinaire ou fécale (cf. chapitre 2).
    Il est important de noter qu’une lombosciatique n’engendre généralement pas de boiterie.
    Le tableau 4.3 résume les éléments d’orientation à la recherche de la cause de la com-pression radiculaire devant une lomboradiculalgie commune.

Tableau 4.2 : Cotation de la force musculaire.

5 Mouvement contre résistance, force normale
4 Mouvement contre résistance, force diminuée
3 Mouvement contre la pesanteur, pas de mouvement contre résistance
2 Contraction et mouvement après annulation de la pesanteur
1 Contraction palpable sans mouvement
0 Absence de contraction

 
Tableau 4.3 : Les éléments d'orientation pour identifier le mécanisme pathogénique à l'origine d'une lombosciatique commune.

Pathologie discale Atteinte articulaire postérieure Rétrécissement canalaire
– Sujet jeune
– Mouvement déclenchant
– Horaire mécanique
– Douleur maximale en position assise
– Impulsivité à la toux
– Attitude antalgique
– Signe de la sonnette
– Signe de Lasègue
– Trajet monoradiculaire
– Sujet plus âgé
– Horaire mécanique
– Douleur maximale en station debout statique
– Reproduction en extension/rotation du rachis
– Sujet plus âgé
– Horaire mécanique
– Douleur maximale à la marche
– Périmètre de marche limité par la radiculalgie
– Reproduction en extension/rotation du rachis

Apprécier la gravité

Les signes de gravité (nécessitant une prise en charge chirurgicale en urgence) sont :

  • déficit moteur, coté à 3 ou moins (tableau 4.2) ;
  • syndrome de la queue de cheval : des troubles génitosphinctériens : mictions impérieuses ou incontinence urinaire, incontinence anale, dysurie, perte des érections matinales, anesthésie en selle au pic-touche ;
  • hyperalgique (résistant à un traitement bien conduit par opioïdes forts).

Examens complémentaires

En l’absence de drapeaux rouges (cf. item 94 au chapitre 3), une lombosciatique com-mune typique ne nécessite initialement aucun examen complémentaire avant d’initier un traitement médicamenteux.

  • Les radiographies standards ne sont pas obligatoires. Elles sont cependant utiles pour détecter des troubles de la statique rachidienne infraclinique (scoliose, cyphoscoliose, spondylolisthésis) ou une anomalie transitionnelle, importante pour l’interprétation des imageries en coupe.
  • Si suspicion de lombosciatique secondaire : imagerie du rachis (IRM en première in-tention, ou, si non disponible, TDM) et recherche d’un syndrome inflammatoire seront prescrites.
  • Si acte invasif envisagé (injection épidurale de corticoïdes [infiltration], chirurgie) : imagerie du rachis recommandée (IRM ou, si non disponible, TDM) et examen biolo-gique avec hémostase.

Il est fréquent de trouver sur les examens d’imagerie des anomalies anatomiques sans correspondance clinique : un débord discal voire une hernie sans conflit à un autre étage, de l’arthrose interapophysaire postérieure, un angiome… Ces anomalies et leur absence de concordance avec la clinique doivent être expliquées au patient, afin qu’il ou elle comprenne pourquoi elles ne sont pas intégrées ou ciblées par la prise en charge proposée.

Quand les demander ?

Pour une lombosciatique commune non compliquée, les examens d’imagerie en coupe (IRM, TDM) ne sont pas indiqués dans les 6 semaines sauf si une injection de corticoïde (infiltration) ou un traitement chirurgical est envisagé.
On rappelle qu’une lombosciatique avec signes de gravité justifie une prise en charge ur-gente en milieu médico-chirurgical, au cours de laquelle une imagerie en coupe sera réa-lisée (IRM en première intention ou, si non disponible, TDM), afin de préciser l’étiologie avant une éventuelle chirurgie.

Lequel (lesquels) demander ?

  • L’IRM est plus informative, permettant la visualisation de toutes les structures (os, disques, racines) ; elle est de plus en plus souvent privilégiée lorsqu’elle est accessible.
  • La TDM permet de bien visualiser les structures osseuses, ainsi que la hernie discale.

Qu'en attendre ?

Recherche de concordance avec la clinique, précise le type de la hernie (médiane, pa-ramédiane, foraminale et extraforaminale et sous- ou extraligamentaire, migrée ou exclue) (fig. 4.1 à 4.3).

Fig. 4-1 :Aspect anatomique du disque intervertébral L4-L5 et des structures adjacentes.

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Fig. 4-2 :Aspects anatomiques des principales formes de hernies discales.

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Fig. 4-3 :Aspects IRM d’une hernie discale en séquence T2 en coupe sagittale et transversale. Hernie discale paramédiane droite venant au contact de la racine S1 droite.

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Traitement

La prise en charge englobe les éléments suivants.

Contexte de la prise en charge

En dehors des lombosciatiques graves, la prise en charge peut se faire en ambulatoire.

Traitement symptomatique

Il comprend les traitements antalgiques oraux : antalgiques de palier I ou II, AINS, voire décontracturants musculaires pendant quelques jours. Le repos au lit n'est pas un traitement de la lombosciatique commune. Cependant, l'adaptation des activités en fonction de la douleur est nécessaire, et des mesures physiques peuvent y être associées telles que l'apposition de chaleur ou la prescription d'une ceinture lombaire.

Traitement étiologique

En cas d'échec du traitement symptomatique, des infiltrations épidurales (injection de dérivés cortisoniques dans l'espace épidural) peuvent être proposées. Plusieurs voies d'injection sont possibles (interépineuses, interlamaires, hiatus sacrococcygien), réalisables sans ou avec contrôle scopique ou échographique.
En cas d'échec de ce traitement, une intervention chirurgicale sera proposée afin de résoudre le conflit discoradiculaire, avec une amélioration de la radiculalgie (mais un risque de douleur lombaire résiduelle).

Traitement kinésithérapeutique

La kinésithérapie à visée antalgique peut être utile, mais la kinésithérapie « active » n'est pas utile. Elle ne sera proposée qu'après régression de la douleur radiculaire. Son intérêt est majeur dans la prévention des récidives de lomboradiculalgies. Elle comprend :

  • un renforcement musculaire des muscles érecteurs du rachis (abdominaux et dorsaux) ;
  • un travail proprioceptif en délordose et autoagrandissement afin d'améliorer le positionnement rachidien ;
  • l'apprentissage d'exercices d'autorééducation que le patient poursuivra à son domicile.

Une application comme Activ'Dos peut également être utilisée pour guider le patient dans sa rééducation.

Prise en charge des aspects socioprofessionnels

Des adaptations du poste de travail peuvent être nécessaires pour faciliter la reprise lorsqu’un arrêt de travail a été prescrit. Cela peut être facilité par les services de santé au travail qui peuvent accompagner le retour d’un salarié à son poste de travail.
Certaines lombosciatiques L5 ou S1 peuvent être prises en charge au titre d’une maladie professionnelle (tableau n° 98 du régime général).

1.1.2 - Particularités des lombocruralgies

Moins fréquente que la lombosciatique, la lombocruralgie affecte une des racines du nerf crural.

Topographie de la douleur (tableau 4.1)

  • L3 : partie supérolatérale de la fesse, région trochantérienne, face antérieure de la cuisse au tiers moyen, face médiale de la cuisse au tiers inférieur et à la face médiale du genou.
  • L4 : partie moyenne de la fesse, face latérale de la cuisse à sa partie moyenne, tiers inférieur de la face antérieure, face antérieure du genou, face antéromédiale de la jambe le long de la crête tibiale, pour se terminer parfois à la face antéromédiale du cou-de-pied et au bord médial du pied.

La douleur est souvent d'installation brutale, intense, avec des dysesthésies (brûlures, broiement) ; une recrudescence nocturne peut être observée même dans les formes communes de lombocruralgie.
Le signe de Léri remplace le signe de Lasègue : sur le patient en décubitus ventral, la douleur à la face antérieure de la cuisse est reproduite lors de la flexion du genou à 90° et de l'extension de la cuisse sur le bassin (vidéo 4.2).
L'abolition (ou la diminution) du réflexe patellaire ne distingue pas une atteinte L4 ou L3. L'hypoesthésie superficielle à la face antérieure de la cuisse, un déficit du quadriceps sont fréquents. L'amyotrophie est fréquente, rapide. Le psoas (L3), le tibial antérieur (L4) peuvent être touchés.

Diagnostic différentiel

Toute douleur de la face antérieure de la cuisse n'est pas une cruralgie. Les affections à éliminer sont :

  • une affection ostéoarticulaire régionale : coxarthrose ou autre atteinte de la hanche, fracture ou tumeur du bassin, fissure ou autre lésion du fémur ;
  • une pathologie musculaire : atteinte du psoas par un hématome ou un abcès, un envahissement tumoral par contiguïté (tumeur digestive, gynécologique, rénale ou ganglionnaire) ;
  • une affection vasculaire : anévrisme de l'aorte ;
  • une pathologie neurologique ; méralgie paresthésique (atteinte sensitive en raquette du bord antérolatéral de la cuisse par atteinte du nerf cutané latéral de la cuisse), neurinome ou schwannome, névrite infectieuse (zona, Lyme, etc.).

Examens complémentaires

La prescription d'imagerie est la même que pour les lombosciatiques. En cas de suspicion de lombocruralgie symptomatique, des étiologies spécifiques doivent être recherchées à la recherche d'une compression extra-rachidienne du nerf crural.

1.1.3 - Particularités du canal lombaire rétréci arthrosique

  • Les sténoses rachidiennes sont presque toujours acquises (spondylolisthésis arthrosique ou par lyse isthmique, prolifération ostéophytique, hypertrophie des ligaments jaunes, protrusion discale ou discopathies dégénératives), le rétrécissement étant étendu à plusieurs étages ou limité à un seul.
  • Il se majore en lordose, donc en position debout, ce qui explique l'apparition des symptômes lors du redressement du tronc et à la marche.
  • Le mécanisme de la douleur est principalement vasculaire, le rétrécissement engendrant une ischémie relative des racines par compression des artères radiculaires (d'où la douleur claudicante comme d'autres artériopathies).

Examen clinique

Ce diagnostic est évoqué sur les éléments suivants :

  • claudication : la symptomatologie apparaît à la marche, s’aggravant progressivement jusqu’à imposer l’arrêt après une distance ou une durée stéréotypée avec régression rapide (mais pas immédiate) de la douleur à l’arrêt. La position antéfléchie en avant permet de réduire les douleurs et de reprendre la marche jusqu’à un nouvel arrêt après la même distance ou durée de reprise. La douleur est améliorée par la marche en antéflexion par exemple lorsqu’on s’appuie sur un chariot dans un supermarché : cela correspond au signe du Caddie ;
  • cela est à différencier d’une claudication artérielle, à l’origine d’une douleur du mollet, ou d’une claudication médullaire à l’origine d’une faiblesse proximale des membres in-férieurs secondaire à un syndrome pyramidal sous-lésionnel ;
  • la douleur peut être de topographie radiculaire ou pluriradiculaire dans un canal lombaire rétréci ;
  • douleur avec composante neuropathique : paresthésies ou douleurs des membres in-férieurs, souvent bilatérales, de topographie pluriradiculaire, décrites comme des crampes, des sensations de striction des membres inférieurs.

Examens complémentaires

  • Les radiographies du rachis lombaire ne sont pas obligatoires et ne montrent que des signes indirects.
  • La TDM (fig. 4.4) et/ou l’IRM évaluent la forme du canal, qui passe d’ovale normale-ment à triangulaire ou en forme de « T » avec le développement d’une arthrose articu-laire postérieure. Ces examens permettent de faire la part de la composante discale ou d’une ostéophytose dans la compression.
    Comme dans les lomboradiculalgies d’origine discale, la concordance radioclinique n’est pas systématique.

 

Fig. 4.4. Aspect scannographique d’un canal lombaire rétréci par de l’arthrose zygapo-physaire et une discopathie.

Traitement

Le traitement médical est identique à celui de la lombosciatique commune. Une rééducation active avec kinésithérapie de délordose est indiquée.
Le traitement chirurgical comporte une libération des structures nerveuses et vasculaires par laminectomie et réalésage du canal rachidien.

1.2 - Lomboradiculalgies secondaires

Ce sont les douleurs qui ne sont pas dues à une pathologie discale ou arthrosique mais qui sont la manifestation d'affections plus sévères ou nécessitant une prise en charge thérapeutique spécifique.
L'interrogatoire est le plus important, l'examen clinique étant souvent pauvre. Les caractéristiques cliniques (tableau 4.4) et les antécédents orientent le diagnostic.
 
Tableau 4.4 : Éléments cliniques orientant vers une radiculalgie symptomatique.

Pathologie suspectée Anamnèse Examen physique Examens complémentaires
Métastase, lymphome – Âge > 50 ans
– Antécédent de cancer ostéophile (poumon, rein, sein, prostate, thyroïde)
– Altération de l'état général
– Lomboradiculalgie à début progressif, sans facteur déclenchant, s'aggravant, de rythme mixte ou inflammatoire
– Déficit moteur ou sensitif
– Possible syndrome de la queue de cheval
– Prostate indurée
– Tumeur du sein
– Adénopathies
– IRM du rachis
– Recherche du primitif selon l'étiologie suspectée
– Biopsie de la lésion biologique
– Étiologie de l’infection (hémocultures, ECBU)
– Ponction-Biopsie discovertébrale
Tumeur intrarachidienne (neurinome, schwannome) – Rythme inflammatoire des douleurs
– Douleurs nocturnes cédant à la mise en orthostatisme (syndrome du lion en cage)
– Raideur multidirectionnelle
– Signes neurologiques lésionnels ou sous-lésionnels
– IRM du rachis
– Selon l’étiologie suspectée : biopsie ou exérèse d’emblée
Méningoradiculites infectieuses (herpès, zona, VIH, Lyme) – Absence de facteur traumatique déclenchant, pas de syndrome rachidien
– Contexte infectieux, morsure de tique
– Syndrome méningé
– Absence de facteur traumatique déclenchant, pas de syndrome rachidien
– Contexte infectieux, morsure de tique
– Syndrome méningé
– Sérologies microbiologiques et/ou PCR virale
– Ponction lombaire
Spondyloarthrite – Homme < 40 ans
– Antécédent familial de spondyloarthrite
– Antécédent personnel de fessalgies à bascule, talagies, uvéite, psoriasis, diarrhée
– Douleur de sciatique tronquée : fesse, irraditation postérieure s'arrêtant au genou
– Horaire inflammatoire des douleurs
– Sensibilité aux AINS
– Douleur sacro-iliaque
– Psoriasis cutané
– IRM du rachis et des sacro-iliaques
– HLA-B27


 

2 - Névralgie cervicobrachiale

La névralgie cervicobrachiale est une douleur partant du cou et irradiant dans le membre supérieur selon un trajet radiculaire. Elle traduit la souffrance d'une racine nerveuse cervicale (5e, 6e, 7e, 8e cervicales ou 1re thoracique).
Comme pour les lombalgies et les lomboradiculalgies, on distingue les névralgies cervicobrachiales communes et les névralgies cervicobrachiales secondaires (inflammatoires, infectieuses, tumorales).
Parmi les névralgies cervicobrachiales communes ;

  • les névralgies cervicobrachiales d’origine discale, surtout chez le sujet jeune, traduisent une compression par une hernie discale ;
  • les névralgies d’origine arthrosique, survenant principalement après 40 ans, correspondent à une compression par un élément disco-ostéophytique ;
  • les névragies associées à un canal cervical rétréci (cf. item 93 au chapitre 2).

2.1 - Signes cliniques et diagnostic

  • Le diagnostic positif repose sur l'association d'un syndrome cervical et d'un trajet douloureux radiculaire (tableau 4.5).
  • Le rachis cervical est examiné en décubitus, les mobilités sont étudiées en flexion, extension, rotations et inclinaisons latérales (vidéo 4.3). L'examen montre une limitation, le plus souvent modérée et élective, des mobilités, rassurante ; beaucoup plus inquiétante lorsqu'elle est importante et globale.
  • L'examen neurologique des membres supérieurs permet de rechercher des signes déficitaires, moteurs, sensitifs ou réflexes précisant le territoire, de confirmer le caractère monoradiculaire.
  • L'examen est complété par l'étude du thorax, du cou, des creux sus-claviculaires et axillaires. Un examen neurologique des membres inférieurs est nécessaire pour éliminer un syndrome sous-lésionnel.

Tableau 4.5 : Diagnostic topographique d'une atteinte radiculaire du membre supérieur.

  Réflexe ostéo-tendineux Déficit moteur Territoire sensitif
Racine C5 Bicipital Abduction du bras, rotateurs de l'épaule Moignon de l'épaule, face latérale du bras
C6 Styloradial Flexion du coude (brachioradial), supination, flexion du pouce Face latérale du membre supérieur jusqu'au pouce
C7 Tricipital Extension du coude, poignet, doigts, pronation Face postérieure du membre supérieur jusqu'aux 2e et 3e doigts
C8/T1 Ulnopronateur Flexion et écartement des doigts Face médiale du membre supérieur jusqu'aux 4e et 5e doigts


 

2.2 - Distinction entre névralgie cervicobrachiale commune et symptomatique

Ce sont les caractéristiques de la douleur, l’examen neurologique (compression médullaire), l’examen du thorax, du cou, des creux sus-claviculaires et axillaires, des membres inférieurs. Ce sont les mêmes signes à rechercher que pour une lomboradiculalgie secondaire (tableau 4.4).
Au moindre doute, il faut vérifier l’absence de signes d’inflammation biologique.
Les radiographies de face et profil ne sont pas obligatoires mais peuvent être utiles. Ne pas oublier le cliché de trois quarts pour l’analyse des foramens (fig. 4.5).
L’IRM reste l’examen de référence en cas de résistance au traitement médical ou de suspicion de névralgie cervicobrachiale secondaire. La TDM est moins performante pour différencier les étiologies secondaires.


Fig. 4-5 :Radiographies du rachis cervical de profil (A) et de trois quarts gauche (B). Uncodiscarthrose C4-C5 et C5-C6 rétrécissant les foramens.

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2.3 - Étiologie des névralgies cervicobrachiales symptomatiques

Comme pour les lomboradiculalgies, une étiologie infectieuse, neurologique, tumorale ou une méningoradiculite peuvent être révélées par une douleur radiculaire (tableau 4.4). Certaines étiologies sont spécifiques aux radiculalgies cervicales :

  • un syndrome de Pancoast-Tobias, associant une radiculalgie C8 et un syndrome de Claude Bernard-Horner (myosis, ptosis, énophtalmie), en lien avec une compression nerveuse au niveau du creux sus-claviculaire dans un contexte de lésion de l'apex pulmonaire ;
  • une pathologie de la coiffe des rotateurs (trajet douloureux évoquant une névralgie C5), dont les douleurs sont favorisées par les mouvements en élévation de l'épaule et reproduits par les manœuvres spécifiques de coiffe ;
  • une épicondylalgie ou un syndrome du canal carpien, pouvant mimer une atteinte C6 ou C7 tronquée.

2.4 - Traitement de la névralgie cervicobrachiale commune

2.4.1 - Contexte

En dehors des névralgies cervicobrachiales graves, la prise en charge peut se faire en ambulatoire.

2.4.2 - Traitement secondaire

  • Traitement antalgique oral : antalgiques de palier I ou II, AINS, voire décontracturants musculaires pendant quelques jours. Lorsque ce traitement est insuffisant, une courte corticothérapie orale est souvent proposée, malgré un faible niveau de preuve : prednisone 0,5 à 1 mg/kg par jour pendant 3 à 7 jours.
  • Adaptation des activités en fonction de la douleur.
  • Traitements physiques (chaleur, collier cervical transitoire).

2.4.3 - Traitement étiologique

Les injections de dérivés cortisoniques ne sont plus recommandées au niveau cervical au vu du risque de complications neurologiques.
En cas de névralgie cervicobrachiale résistante à un traitement bien conduit et avec une bonne concordance radioclinique, le traitement est donc chirurgical.

2.4.4 - Traitement kinésithérapeutique

La kinésithérapie peut être utile d'emblée. Elle comprend :

  • une physiothérapie antalgique (massage, application de chaleur) ;
  • un renforcement musculaire des muscles paravertébraux ;
  • l'apprentissage d'exercices d'autorééducation que le patient poursuivra à son domicile.

2.4.5 - Prise en charge socioprofessionnel

Des adaptations du poste de travail peuvent être nécessaires pour faciliter la reprise lorsqu'un arrêt de travail a été prescrit.

3 - Syndromes canalaires

Les syndromes canalaires correspondent aux manifestations neurologiques liées à l'irritation d'un nerf lorsqu'il traverse un défilé ostéo-ligamento-musculaire.

3.1 - Syndrome du canal carpien

C’est la compression du nerf médian lors de sa traversée sous le rétinaculum des fléchisseurs sur la face antérieure du poignet (canal carpien). Ce nerf mixte assure la sen-sibilité de la face palmaire des trois premiers doigts et de la moitié radiale de l’annulaire, de la face dorsale des deuxième et troisième phalanges de l’index, du majeur et de la moitié radiale de l’annulaire, la motricité des muscles de l’éminence thénar (court abduc-teur, faisceau superficiel du court fléchisseur et opposant du pouce) et des deux lombricaux latéraux (fig. 4.6).

Fig. 4-6 :Coupe du canal carpien.

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C'est le plus fréquent des syndromes canalaires (1 % de la population), survenant trois fois sur quatre chez la femme (post-ménopause, fin de grossesse) ; bilatéral dans 50 % des cas, il prédomine du côté dominant et est reconnu en tant que maladie professionnelle.

3.1.1 - Signes cliniques et diagnostic

Le diagnostic de syndrome du canal carpien est avant tout clinique.
La forme sensitive, d’installation progressive, la plus fréquente, se caractérise par :

  • des acroparesthésies dans le territoire du médian, pouvant irradier à l’avant-bras, avec une recrudescence nocturne, au réveil et lors des activités manuelles ;
  • ces paresthésies disparaissent en secouant la main ou en la trempant dans l’eau chaude ;
  • à l’examen clinique, des manœuvres peuvent les reproduire mais sont inconstantes :
    – percussion de la face antérieure du poignet (test de Tinel) ;
    – flexion forcée du poignet pendant une minute (test de Phalen) ;
    – un déficit sensitif dans le territoire du nerf médian doit être recherché.

La forme motrice déficitaire est la forme évoluée : elle s’accompagne d’une maladresse de la main, d’un déficit de la force du pouce (opposant, court abducteur). La forme la plus évoluée est une amyotrophie du versant latéral de l’éminence thénarienne. À ce stade, les paresthésies ont le plus souvent régressé.

3.1.2 - Indication des demandes d’examens complémentaires devant un syndrome du canal carpien

  • L’ENMG :
    –   il n’est pas obligatoire dans les formes typiques sans signe de gravité ;
    –   en l’absence de déficit (notamment dans les formes débutantes), sa négativité n’élimine pas le diagnostic ;
    –   il a pour objectif de confirmer le diagnostic, évaluer la gravité, éliminer un dia-gnostic différentiel et rechercher une neuropathie sous-jacente ;
    –   il est obligatoire en cas de prise en charge chirurgicale.
  • Une échographie du nerf médian à la recherche d’une hypertrophie du nerf au niveau du rétinaculum des fléchisseurs peut aider au diagnostic.
  • Les autres examens paracliniques doivent être guidés par la clinique (TSH, glycémie à jeun, radiographies du poignet…).


Dans les diagnostics différentiels, il faut éliminer : le syndrome du canal de Guyon (nerf ulnaire), une atteinte du médian au coude, une radiculalgie C6, une atteinte plexique (défilé thoracobrachial).

3.1.3 - Étiologie

Il est idiopathique dans plus de 50 % des cas.
Dans les autres cas, l'étiologie peut être :

  • traumatique : cal vicieux, séquelles de fractures du radius, activités professionnelles (tableau n° 57 des maladies professionnelles) ou sportives répétitives ;
  • endocrinienne : grossesse, hypothyroïdie, diabète ;
  • rhumatismale : ténosynovite inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde, parfois premier symptôme de la maladie), infectieuse (tuberculose), kyste synovial ;
  • par dépôts intracanalaires : goutte, chondrocalcinose, apatite ou amylose.

3.1.4 - Traitement

Le traitement médical, indiqué dans les formes sensitives pures, associe :

  • le port nocturne d’une attelle de repos, immobilisant le poignet et les doigts en position neutre ;
  • une injection de dérivés cortisoniques dans le canal carpien.

Le traitement chirurgical — en cas d’échec du traitement médical ou d’emblée dans les formes déficitaires ou avec amyotrophie et les formes compressives — consiste en une neurolyse du nerf médian après section du rétinaculum des fléchisseurs.
Le traitement prophylactique (attelle de fonction, aménagement de poste) est indiqué en cas d’activité professionnelle favorisante (mouvements répétés du poignet, utilisation d’appareils vibrants).

3.2 - Compression du nerf ulnaire au coude

Le nerf ulnaire chemine sur le versant postérieur de l’épicondyle médial dans la gouttière épitrochléo-olécrânienne sous l’arcade du fléchisseur ulnaire du carpe.
L’origine du syndrome canalaire est parfois post-traumatique mais, le plus souvent, la compression est idiopathique. Des facteurs favorisants doivent être recherchés (appuis prolongés sur les coudes, mouvements spécifiques lors du travail).
Les symptômes sont principalement sensitifs (paresthésies, perte de sensibilité, douleurs neuropathiques) dans les deux derniers doigts. Ils sont favorisés par la flexion prolongée du coude.
La percussion du nerf dans la gouttière peut reproduire la symptomatologie mais reste inconstante. L’atteinte motrice est rare. Elle concerne principalement les muscles interos-seux, l’abduction du 5e doigt. Dans les formes évoluées, l’amyotrophie est visible au ni-veau de la première commissure (1er interosseux) et de l’éminence hypothénarienne.
Les examens paracliniques sont guidés par la clinique.

  • l’ENMG peut permettre de confirmer le diagnostic ;
  • l’échographie peut montrer une hypertrophie du nerf au niveau de la gouttière ulnaire et rechercher une instabilité (luxation du nerf au-dessus de l’épicondyle médiale lors de la flexion du coude) ;
  • la radiographie peut rechercher une pathologie de l’articulation du coude ou un cal os-seux en cas de traumatisme ancien.

Le traitement des formes non déficitaires sur le plan moteur repose sur l’éviction des postures favorisantes, le port nocturne d’attelle du coude. Une injection de dérivés cortisonés peut être proposée même si l’efficacité est discutée. Pour les formes résistantes ou sévères, un traitement chirurgical est proposé (neurolyse du nerf ulnaire ou transposition du nerf en antérieur de l’epicondyle médial)

Les diagnostics différentiels sont principalement une pathologie du nerf ulnaire au poignet (dans la loge de Guyon), la radiculopathie C8, l’atteinte plexique C8-T1 (défilé thoracobrachial).

La compression du nerf ulnaire au poignet (loge de Guyon) est un diagnostic rare. L’ENMG et un examen d’imagerie (échographie ou IRM) sont indispensables à la recherche d’une cause secondaire (fracture, kyste arthrosynovial, tumeurs, pathologie de l’artère ulnaire). Le risque d’une forme déficitaire sur le plan moteur est plus important que pour la compression du nerf au coude.

3.3 - Compression du nerf fibulaire commun au col de la fibula

Le col de la fibula est une zone de compression fréquente du nerf fibulaire commun. Dans cette région, il contourne le col de la fibula dans le tunnel des fibulaires avant de se diviser en nerfs fibulaires profond et superficiel.
L’origine du conflit est le plus souvent posturale (appui prolongé, position à genoux, hospitalisation prolongée avec position inadaptée). Une origine externe (lésion à proximité, kyste arthrosynovial) doit être recherchée, ainsi qu’un antécédent traumatique de la fibula.
Un amaigrissement rapide est un facteur favorisant.
Une symptomatologie déficitaire brutale et douloureuse sans facteur déclenchant doit faire suspecter une vascularite.
L’examen clinique retrouve :

  • une hypoesthésie sur le territoire sensitif d’aval (principalement du dos du pied) associée à des douleurs neuropathiques. Les signes sensitifs sont souvent discrets ;
  • le déficit moteur concerne le muscle tibial antérieur (responsable d’un steppage), des extenseurs des orteils et des fibulaires ;
  • le tibial postérieur innervé par le nerf tibial est épargné. Il peut permettre de différen-cier une atteinte L5 d’une atteinte du nerf fibulaire commun ;
  • l’examen doit rechercher un signe de Tinel au niveau du col de la fibula.

La prise en charge est celle de la posture ou de l’appui prolongé à modifier. En cas de lésion compressive externe (kyste, cal osseux…), d’une tumeur nerveuse ou d’une évolu-tion non favorable, une chirurgie doit se discuter.
Le principal diagnostic différentiel est la radiculopathie L5.

3.4 - Compression du nerf radial au bras

Ce syndrome canalaire est important à connaître malgré sa rareté. En effet, il s’agit d’un motif de passage aux urgences devant l’importance de la symptomatologie déficitaire motrice :
• le nerf radial contourne la diaphyse humérale au niveau du tiers moyen de l’humérus (gouttière humérale) ; son contact direct avec la diaphyse humérale le rend particuliè-rement vulnérable aux compressions extrinsèques ;
• l’origine est le plus souvent posturale (paralysie du membre supérieur au réveil, « Saturday night palsy ») ; la seconde origine est traumatique (fracture de la diaphyse humérale).
La clinique est principalement motrice. Le déficit sensitif est au second plan et concerne la face dorsale de la main. Le déficit moteur concerne l’extension des doigts et du poignet. Le patient se présente avec un poignet tombant. Le triceps brachial et le réflexe tricipital sont épargnés.
L’évolution en cas d’une origine posturale est spontanément favorable. La chirurgie est à discuter en fonction de la récupération et de l’étiologie (fracture humérale).
Le principal diagnostic différentiel est la radiculopathie C7, la compression du nerf radial au coude ou au creux axillaire.

3.5 - Syndrome du défilé thoracobrachial

Le syndrome du défilé thoracobrachial correspond à la compression du plexus brachial dans un passage étroit formé par le défilé interscalénique et l'espace costopectoral. La compression peut être nerveuse pure ou être associée à une compression artérielle. Une côte cervicale ou une apophyse transverse cervicale longue peuvent être retrouvées.
Le caractère positionnel des douleurs doit orienter vers ce diagnostic. Les formes aiguës peuvent se manifester par une atteinte veineuse (phlébite) ou artérielle (ischémie), alors que les atteintes chroniques sont le plus souvent nerveuses, de diagnostic difficile. Les manœuvres physiques provocatrices comme celle de Roos (le test est positif si patient est incapable de maintenir la position d'ouverture et de fermeture des mains, avec les bras levés pendant 3 minutes) et celle d'Adson (le test est positif si le pouls radial disparaît lorsque le patient tourne la tête avec le cou en extension après une profonde inspiration) peuvent être utilisées, malgré leur sensibilité et spécificité faibles.
Les pouls distaux et un souffle positionnel subclavier doivent être recherchés.

Les examens complémentaires indiqués sont :

  • radiographies du rachis cervical de face, profil et trois quarts, et du thorax de face (recherche d'une côte surnuméraire) ;
  • EMG (élimination des diagnostics différentiels comme une plexite) ;
  • échographie-doppler veineux et artériel statique et dynamique.

Le traitement de première intention est la kinésithérapie (étirement de la région cervicoscapulaire, renforcement isométrique des muscles scapulaires « ouvreurs »). Un traitement chirurgical se discute notamment en cas d'atteinte artérielle ou de malformation associée (côte surnuméraire).

3.6 - Autres syndromes canalaires (plus rares)

  • Méralgie paresthésique : souffrance du nerf cutané latéral de la cuisse au niveau de l’épine iliaque antérosupérieure responsable de paresthésies et d’une hypoesthésie en « raquette » à la face latérale de la cuisse.
  • Syndrome du tunnel tarsien médial : souffrance du nerf tibial dans la région rétromalléolaire médiale responsable d’une symptomatologie neuropathique sur la face plantaire du pied.



Légende :

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