Aptitude au sport chez l'adulte et l'enfant

Item 256 UE IX


1 - Introduction

Selon l'OMS, l'inactivité physique tue autant que le tabagisme. La promotion de l'activité physique et sportive pour la santé et pour tous représente une mission importante de la médecine parce qu'elle est un facteur efficace de prévention primaire, secondaire et tertiaire d'un grand nombre de pathologies dites " non transmissibles ", et d'amélioration d'états physiologiques comme le vieillissement. Dans ce contexte, le médecin doit avoir des connaissances pour pouvoir répondre à ces missions de santé autour du patient sportif mais également du patient atteint de pathologie chronique, pour permettre une prise en charge complète du sujet pratiquant ou souhaitant pratiquer une activité physique et sportive, quels que soient son âge et son niveau, avec un objectif de protection de la santé des sportifs et de promotion de l'activité physique pour la santé et pour tous.

Quelques définitions

  • L'activité physique (AP) est définie comme " tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques, qui entraîne une dépense énergétique supérieure à celle du métabolisme de repos ". L'activité physique comprend les AP de la vie quotidienne, les exercices physiques et les activités sportives. Elle est caractérisée par sa durée, son intensité, sa fréquence et sa modalité de pratique.
  • Le sport (ou l'activité sportive) est une forme particulière d'AP où les participants adhèrent à un ensemble commun de règles (ou d'attentes) et dans laquelle un objectif, le plus souvent de performance, est clairement défini. La pratique sportive comprend : le sport en compétition et la pratique sportive de masse en club ; le sport scolaire ; les pratiques sportives de loisirs en individuel ou en groupe non affiliées à une association.
  • Le sport-santé, ou activité physique adaptée, est un sport dont les conditions de pratique ont été adaptées pour répondre aux besoins de publics présentant des vulnérabilités et/ou des besoins spécifiques en lien avec leur état de santé. Il a pour objectif de maintenir ou d'améliorer l'état de santé de la personne en prévention primaire, secondaire ou tertiaire.
  • L'inactivité (physique) caractérise un niveau insuffisant d'AP d'endurance d'intensité modérée et/ou élevée qui ne respecte pas les recommandations fixées pour la santé par l'OMS.
  • La sédentarité (ou le comportement sédentaire) est définie comme une " situation d'éveil caractérisée par une dépense énergétique proche de la dépense énergétique de repos en position assise ou allongée ". Elle correspond ainsi au temps passé en position assise ou allongée dans la journée, hors temps de sommeil ; que ce soit sur le lieu de travail ou à l'école, lors des déplacements en transports motorisés, ou lors des loisirs, notamment devant les écrans. Tout comme pour l'activité physique, il existe des recommandations en termes de sédentarité comme une situation d'éveil caractérisée par une dépense énergétique faible (celle du repos).

2 - Examen médical de non-contre-indication à la pratique du sport

2.1 - Objectifs de la visite médicale de non-contre-indication à la pratique du sport

Les objectifs de la visite et de l'examen médical de non-contre-indication à la pratique du sport sont :

  • rechercher (éliminer) des contre-indications à la pratique sportive, rechercher une pathologie ou une anomalie clinique pouvant s'aggraver à l'exercice et entraîner un risque pour le pratiquant et qui serait une contre-indication (partielle ou totale) à la pratique d'un ou plusieurs sports ;
  • dépister des facteurs de risque de blessures ;
  • délivrer le certificat médical de non-contre-indication à la pratique du sport ;
  • délivrer une information concernant le questionnaire de santé " QS-SPORT " (fig. 25.1) qu'il aura à renseigner les années pour lesquelles un certificat ne sera pas exigé.

 

Fig. 25.1. Renouvellement de licence d'une fédération sportive. Questionnaire de santé " QS-SPORT ".
Source : https://www.formulaires.service-public.fr/gf/cerfa_15699.do.

 

2.2 - Certificat médical de non-contre-indication

Un certificat médical d'absence de contre-indication à la pratique sportive est nécessaire :

  • pour obtenir ou renouveler une licence sportive fédérale ;
  • pour participer à une compétition sportive lorsque le patient n'est pas licencié dans une fédération.

Ce certificat médical doit dater de moins d'un an le jour de la demande de licence fédérale ou d'inscription à la compétition.

La fréquence à laquelle un nouveau certificat médical est exigé pour le renouvellement de la licence est fixée à 3 ans sous réserve d'avoir complété un questionnaire de santé sans réponse positive, sinon le sportif se doit de produire un nouveau certificat médical.
Exemple de certificat médical de non-contre-indication : cf. encadré.

Les disciplines suivantes présentent des contraintes particulières
Alpinisme, plongée subaquatique, spéléologie, sports de combat avec possibilité de KO, armes à feu ou air comprimé, véhicules à moteur, aéronef et rugby à XV, XIII et VII. Pour ces disciplines, la délivrance ou le renouvellement de la licence ainsi que la participation à des compétitions sont soumis à la production d'un certificat médical datant de moins d'un an établissant l'absence de contre-indication à la pratique de la discipline concernée. Le certificat médical peut, à la demande du licencié, ne porter que sur une discipline ou un ensemble de disciplines connexes.

Certificat médical de non-contre-indication à la pratique du sport

Le contenu du certificat médical de non-contre-indication à la pratique du sport n'est pas figé, il peut être le suivant.

Je soussigné, docteur... (Nom et prénom du médecin, numéro RPPS ou ADELI)

certifie, au terme de mon examen de M./Mme... (nom et prénom), né(e) le... (date de naissance) demeurant... (adresse)

n'avoir pas constaté à ce jour de signes cliniques apparents évocateurs de contre-indication médicale à la pratique de... (sport pratiqué)

à l'entraînement, en loisir et en compétition (dans sa catégorie d'âge) : ...

Certificat médical réalisé à la demande de M./Mme... et remis en main propre pour faire valoir ce que de droit.

Date, lieu, signature, tamponné par le cachet professionnel du médecin

 

NB : En milieu scolaire, il existe une aptitude a priori, y compris pour les activités pratiquées en association sportive scolaire hormis pour les disciplines à contraintes particulières. Seules les dispenses à l'activité sportive scolaire feront l'objet d'un certificat effectué par un docteur en médecine et visé par le médecin scolaire en cas de dispense prolongée.

En cas d'anomalie à l'examen clinique et dans l'attente des examens complémentaires, le médecin ne rédigera alors pas le certificat médical de non-contre-indication, mais surtout il se doit de rédiger un certificat médical de contre-indication temporaire à la pratique du sport. Chez le jeune en période scolaire, il convient aussi de rédiger une dispense d'éducation physique et sportive. Chez le sportif professionnel, il convient de réaliser un arrêt de travail.
Si lors de l'examen médical, le médecin décèle des signes évoquant une pratique de dopage (art. L. 232-3 du Code du sport) :

  • il est tenu de refuser la délivrance du certificat médical de non-contre-indication à la pratique du sport ;
  • il doit informer son patient des risques encourus, doit lui proposer de le diriger vers une antenne médicale de prévention du dopage et doit, en liaison avec celle-ci et en fonction des nécessités, lui prescrire des examens, un traitement ou un suivi médical adapté ;
  • il doit transmettre obligatoirement au médecin responsable de l'antenne médicale de prévention du dopage les constatations qu'il a faites. Il doit par ailleurs informer son patient de cette obligation de transmission qui est couverte par le secret médical.

Le non-respect de cette obligation est passible de sanctions disciplinaires (art. L. 232-4 du Code du sport).

Particularités de la pratique sportive intensive

La protection de la santé des sportifs pratiquant une activité sportive intense va notamment passer par un suivi médical régulier et attentif, mais également par une bonne coordination de ces professionnels. Le suivi médical pourra consister en :

  • une visite médicale de début de saison ;
  • associée à des visites régulières durant l'année ;
  • une prise en charge adaptée des éventuelles déficiences mises en évidence lors des visites ;
  • une prise en charge rapide et précoce des petites plaintes pour éviter la chronicisation.

Les sportifs de haut niveau (qui ne sont pas toujours professionnels) sur les listes ministérielles bénéficient d'un suivi médical réglementaire défini par un cadre légal et adapté en fonction de la discipline sportive pratiquée (art. L. 231-6, art. A. 231-3, art. A. 231-4 du Code du sport). Ce suivi médical réglementaire fait partie des éléments mis en place pour protéger la santé des sportifs.

3 - Examen médical de non-contre-indication à la pratique du sport

Les grandes lignes de l'examen médical de non-contre-indication à la pratique du sport sont décrites ci-dessous, l'objectif étant qu'il soit le plus approfondi et soigné possible car il va aboutir à la rédaction d'un certificat médical qui engage la responsabilité professionnelle du médecin.

3.0.1 - Interrogatoire

L'interrogatoire est le temps capital pendant lequel le médecin va :

  • rechercher les pathologies en cours, les symptômes éventuels à l'effort, les antécédents personnels et familiaux, les traitements ;
  • préciser les habitudes de vie du patient, en particulier en AP et en activités sédentaires ;
  • analyser les résultats de l'examen physique et des examens complémentaires antérieurs ;
  • rechercher des contre-indications et/ou des limitations à l'AP.

Facteurs de risque et symptômes évocateurs de pathologies cardiovasculaires (+++)

  • Âge > 50 ans chez l'homme, > 60 ans chez la femme.
  • Tabagisme actuel ou sevré (nombre de paquets-années).
  • HTA traitée ou non.
  • Diabète de type 2.
  • Dyslipidémie.
  • Surpoids ou obésité.
  • Cardiopathie existante.
  • Antécédents familiaux au premier degré :
    – infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez un homme ou 65 ans chez une femme ;
    – accident vasculaire cérébral constitué précoce chez un homme ou une femme de moins de 45 ans ;
    – coronaropathie, cardiopathie héréditaires ;
    – hypertension artérielle ;
    – diabète.

Signes et symptômes d'alerte suggérant une maladie cardiovasculaire et/ou respiratoire

  • Douleur ou équivalent de douleur (gêne ou pesanteur) au niveau du thorax, pouvant irradier à la mâchoire, au cou, aux bras ou une autre région évocatrice d'ischémie cardiaque au repos ou à l'effort.
  • Essoufflement au repos ou pour un effort d'intensité faible.
  • Fatigue inhabituelle ou essoufflement anormal pour les activités habituelles.
  • Orthopnée (dyspnée apparaissant ou s'aggravant en position allongée évocatrice d'une insuffisance cardiaque).
  • œdème de chevilles.
  • Vertiges ou syncopes.
  • Palpitations, tachycardie ou rythme cardiaque irrégulier.
  • Claudication intermittente (douleurs à type de crampe des membres inférieurs à la marche, cédant à l'arrêt de celle-ci).
  • Bruits anormaux à l'auscultation cardiaque lors d'examens précédents.

 

  • Recueillir les autres antécédents personnels médicaux et chirurgicaux et les données du dernier suivi
    – asthme, épilepsie, myopie ;
    – traumatisme crânien (avec ou sans perte de connaissance) ;
    – maladies musculaires, articulaires ou pathologies neurologiques... ;
    – troubles de la coagulation, perte ou non-fonctionnalité d'un organe pair ;
    – pathologies traumatiques ;
    – allergies.
  • Recueillir des éléments sur la pratique de l'activité physique ou sportive :
    – niveau : loisir, amateur, compétition... ;
    – rythme par semaine, durée des séances et intensité de pratique (légère, modérée, élevée), conditions de pratique sportive (terrain, équipement, engagement dans un sport à catégorie de poids, conditions climatiques...), motivation de la pratique (compétition, modification corporelle, gestion du poids, maintien de la forme...).
  • Pour les enfants, il est indispensable de prendre connaissance du carnet de santé :
    – maladies infantiles ;
    – courbe de croissance staturo-pondérale, état pubertaire ;
    – vaccinations.
  • Recueillir les traitements médicamenteux et non médicamenteux et notamment les traitements anticoagulants. Pour les traitements figurant sur la liste de produits interdits par l'Agence mondiale antidopage, vérifier que le sportif possède bien les éléments justifiant l'utilisation thérapeutique et qu'une autorisation d'usage à des fins thérapeutiques est mise en place si elle est nécessaire (pour plus d'information : cf. item 80 " Dopage et conduites dopantes ").
  • Habitudes de vie :
    – alimentation, sommeil ;
    – temps de sédentarité, à quantifier en heures par jour ;
    – toxiques ou interdits (tabac, cannabis, alcool, dopage...) à des fins de performances (compléments alimentaires, phytothérapie, boissons énergisantes...).

3.0.2 - Examen physique

Complet, systématique et soigneux, orienté par l'interrogatoire et la pratique sportive.

  • bilan morphologique : poids, taille, indice de masse corporelle (IMC) ; évaluation de la croissance, du développement psychomoteur, du stade pubertaire (critères de Tanner) chez l'enfant ;
  • trois appareils seront systématiquement analysés :
    – appareil cardiovasculaire : fréquence cardiaque de repos, pression artérielle, recherche des pouls périphériques, auscultation à la recherche de souffles cardiaques et périphériques ;
    – appareil locomoteur : troubles de la statique rachidienne, troubles de la statique des membres inférieurs, amplitudes et laxité ou raideur articulaires, examen podologique ;
    – appareil respiratoire : auscultation.

Le reste de l'examen physique sera bien entendu orienté en fonction des antécédents et des données de l'interrogatoire comme l'examen neurologique : motricité, sensibilité, réflexes ostéotendineux, équilibre..., le bilan ophtalmologique : acuité visuelle, vision des couleurs.
L'épreuve d'effort sera systématique chez un patient symptomatique.

L'épreuve d'effort (EE) peut détecter les sténoses coronaires asymptomatiques d'au moins 60 à 70 %, mais a très peu d'efficacité pour détecter des plaques peu sténosantes mais instables avec risque de rupture. L'EE est donc faiblement prédictive de la survenue d'un événement cardiovasculaire grave lors d'une AP intense chez les sujets asymptomatiques.

4 - Contre-indications à la pratique du sport

Elles peuvent être transitoires (temporaires) ou définitives (permanentes), totales ou partielles ; elles peuvent être spécifiques d'un sport (tableau 25.1). Au-delà des contre-indications et/ou limitations, le praticien devra toujours évaluer le rapport bénéfice-risque pour son patient pour l'activité physique choisie avec lui et l'en informer.

 

Tableau 25.1. Contre-indications à la pratique sportive.

Permanentes/absolues Temporaires Spécifiques d’un sport (liste non exhaustive)
– Insuffisances :
• respiratoire
• cardiaque
• rénale
non stabilisées
– Atteintes évolutives :
• neurologiques
• musculosquelettiques

Cependant, dans ce type de pathologies chroniques, la pratique d’activités physiques adaptées non compétitives sera encouragée, après bilan médical soigneux, si besoin initialement dans le cadre d’un programme de réentraînement à l’effort.
– Phase aiguë d'une maladie : fièvre (+++, risque de myocardite), infectieuse, inflammatoire
– Vaccinations non à jour
– Pathologies chroniques non équilibrées (diabète, maladies psychiatriques, comitialité, asthme non stabilisé...)
– Pathologies de l’appareil locomoteur en cours de consolidation (plaques d’ostéosynthèse, fractures immobilisées, entorses graves…)
– Sports de contact ou violent : perte d’un organe pair (œil, rein, gonade…), existence d’une splénomégalie, hémophilie, affections du tronc cérébral, traitement par AVK...
– Boxe : myopie
– Sports aquatiques : comitialité
– Plongée : diabète, pathologies ORL, myopie sévère
– Sports de collision, haltérophilie, équitation : affection du rachis, traitement par AVK
– Dans certains sports (boxe, sport automobile…), un accident déclaré suspend automatiquement la licence ; la reprise sportive et compétitive est subordonnée à un examen médical.

 

5 - Bénéfices et inconvénients de la pratique d'activités physiques et sportives chez l'adulte

5.1 - Bénéfices chez l'adulte

Les bénéfices de la pratique d'activités physiques et sportives pour la santé sont maintenant bien connus et supportés par de nombreuses études scientifiques. La pratique régulière d'activités physiques et sportives est une thérapeutique non médicamenteuse en soi (fig. 25.2).

L'activité physique et sportive a donc un intérêt physique, psychologique et social. Mais pour être bénéfique, la pratique sportive doit être encadrée, surveillée et soumise à certaines règles, pouvant se résumer à une pratique " 3R " : raisonnée, régulière, raisonnable.

 

Fig. 25.2. " L'activité physique : bénéfique pour tout le monde, à tous les âges de la vie. "
Source : ONAPS. https://onaps.fr/les-impacts-sanitaires/

 

5.2 - Risques de la pratique d'activités physiques et sportives chez l'adulte

La mort subite du sportif représente le principal danger. Les étiologies sont différentes en fonction de l'âge et de l'origine ethnique :

  • < 35 ans : cardiomyopathies hypertrophiques, dysplasie arythmogène du ventricule droit, lésions coronaires congénitales, myocardites, rupture aortique, AVC... ;
  • > 35 ans : lésions coronaires athéromateuses, AVC.

À noter que l'ECG de repos, associé à l'examen clinique, dépistera 60 à 90 % des cardiopathies responsables de morts subites contre 5 % pour l'examen clinique seul.

Au niveau de l'appareil locomoteur, les dangers de l'activité physique et sportive sont dus :

  • aux traumatismes aigus (chutes, chocs, traumatismes indirects...) ;
  • ou aux microtraumatismes, étant liés à l'hyperutilisation par des gestes répétés, à la nature du sport (sollicitation intensive des membres inférieurs, sport en charge, sports de pivot/contact...) ;
  • à la charge d'entraînement : nombre d'heures par semaine (volume), intensité des entraînements, charge sur les articulations et les tendons en musculation ;
  • mais également à un équipement inadapté ou en mauvais état.

Pour une bonne protection de l'appareil locomoteur et un effet bénéfique du sport sur celui-ci, il conviendra de trouver " le juste milieu " entre le " trop " d'activité qui est nuisible et le " pas " qui n'apporte aucun bénéfice (en sachant qu'ils peuvent être ressentis dès 15 minutes de pratique par jour).

Surentraînement

Chez tout sportif, la pratique régulière devenant trop intensive ou inadaptée peut entraîner un état de surentraînement. Le diagnostic de cet état clinique est important, car le traitement principal est simple : repos sportif complet ou relatif. Les signes généraux suivants peuvent être des signes d'alerte : baisse des performances, perte de l'esprit de compétition, troubles du sommeil et de l'appétit, élévation de la fréquence cardiaque de repos et de la pression artérielle de repos, irritabilité, cortège de plaintes fonctionnelles (précordialgies, malaises...) avec des examens cliniques et complémentaires normaux. La prise en charge conseillée est la suivante :

  • éliminer une pathologie intercurrente (inflammatoire, infectieuse, néoplasique...), car le diagnostic de surentraînement est un diagnostic d'élimination ;
  • favoriser le repos sportif et général adapté à l'état de fatigue, d'une durée variable (en fonction des signes), avec arrêt provisoire de toutes compétitions, en privilégiant des séances de relaxation, un soutien psychologique, une vérification des habitudes alimentaires et de sommeil.

" Triade " de l'athlète féminine

Une situation propre à l'athlète féminine est la " triade " de l'athlète féminine, pathologie complexe, multifactorielle, dans laquelle il existe une inadéquation entre les apports et la dépense énergétique, et où les désordres alimentaires prennent souvent une place importante. Elle est souvent mal diagnostiquée et difficile à prévenir. Elle associe : aménorrhée, désordres alimentaires (anorexie, alternant parfois avec boulimie, phobies alimentaires...) et ostéoporose. Cliniquement, elle se présente, plus souvent chez la jeune adulte ou l'adolescente, par des fractures de fatigue récurrentes, une maigreur, un comportement compulsif, une faible estime de soi, un perfectionniste, parfois une humeur dépressive...

Les facteurs de risque sont :

  • des prédispositions générales : régime chronique et modifications pondérales de type " yoyo ", faible estime de soi, famille décomposée, abus physique ou sexuel, perfectionnisme, manque de connaissance sur la nutrition du sportif ;
  • des risques spécifiques au sportif : la pratique de la haute compétition (même si cette situation peut être également rencontrée chez des amateurs), sports artistiques ou à catégorie de poids, pression parentale, des entraîneurs, des juges pour perdre du poids, souhait de gagner à tout prix, identité personnelle liée au sport, surentraînement et/ou sous-alimentation.

Certains sportifs présentent un véritable tableau de " dépendance à l'exercice physique " qui va les amener à continuer la pratique malgré les blessures, la fatigue, mais également à négliger leur vie personnelle et/ou professionnelle.

6 - Bénéfices et inconvénients de la pratique d'activités physiques et sportives chez l'enfant

6.1 - Particularités de l'enfant

L'enfant est un être en croissance et en évolution constante, donc particulièrement fragile et vulnérable. Étant en croissance, il est prédisposé à des lésions spécifiques qui vont concerner avant tout les zones de cartilage de croissance et qui risqueront de compromettre la croissance de la zone atteinte. L'enfant n'est pas un adulte miniature, mais un individu à part entière qui a sa propre spécificité et sa propre physiologie qu'il faut respecter. Il est aussi un adulte en devenir, un accident pourrait laisser des cicatrices définitives ou compromettre irrémédiablement son avenir.

6.2 - Bénéfices chez l'enfant

Chez l'enfant, la pratique d'activités physiques et sportives a des bénéfices pour le développement physique, intellectuel, social et psychologique, l'épanouissement, l'intégration du schéma corporel, le contrôle postural, la coordination, l'équilibre, la latéralité, l'orientation dans l'espace...

Les bénéfices sont donc :

  • physiques : développement musculaire harmonieux, meilleure répartition entre masse grasse et masse maigre, meilleur pic de masse osseuse ;
  • psychologiques et intellectuels : le sport va participer à l'acquisition par l'enfant de son autonomie, l'affirmation de son schéma corporel, l'amélioration de sa coordination motrice et temporo-spatiale, la gestion de ses émotions et tensions quotidiennes, l'amélioration ses capacités de concentration ;
  • sociaux : l'éthique du mouvement sportif (appelée également esprit sportif et définie dans le Code mondial antidopage) transmet un message de tolérance, de courage, de persévérance, d'esprit d'équipe, de respect de soi, des autres et des règles. Cela devrait aider à mieux se connaître, à connaître les autres et leurs différences ;

On peut considérer l'activité physique et ou sportive comme une thérapeutique non médicamenteuse indispensable dans les pathologies chroniques.

7 - Risques liés à la pratique du sport chez l'enfant

et leur prévention

Les risques chez l'enfant sont liés :

  • au non-respect de la :
    – spécificité de l'enfant : organisme en croissance ;
    – physiologie de l'enfant : bon apprentissage et bonne exécution du geste sportif, maturation de l'appareil locomoteur, maturation de l'appareil cardiovasculaire, maturation des filières énergétiques ;
  • au défaut de :
    – dépistage et à la non-prise en compte de la douleur (premier signe de souffrance par surutilisation physique chez l'enfant) ;
    – prise en compte des facteurs prédisposant à la pathologie : morphologie, environnement sportif, équipement mal adapté, non-utilisation des équipements de protection, manque d'encadrement, mauvaise hygiène de vie (repos, alimentation non équilibrée, carences...), pathologie éventuelle (cardiovasculaire, pathologie chronique, aiguë, traumatique...) ;
  • au syndrome de réussite par procuration, notamment de la famille ou de l'entraîneur ;
  • à l'entraînement sportif intensif (ESI) : plus de 10 heures de pratique par semaine chez les enfants de plus de 10 ans, et à partir de 6 heures par semaine avant 10 ans. Un enfant soumis à un ESI est un enfant à risque qu'il convient de suivre régulièrement afin de déceler toute difficulté.

Chez l'enfant, l'appareil locomoteur est en croissance. Les maladies de croissance du jeune sportif sont fréquentes dans cette période de fragilité de 9 à 15 ans. Ces pathologies vont se présenter par une douleur d'une extrémité osseuse, d'apparition progressive ou brutale lors de la pratique sportive, d'horaire mécanique, toujours bénigne mais d'évolution souvent longue. Les plus fréquentes sont les apophysoses de croissance, principalement au niveau du genou (maladie d'Osgood-Schlatter), du talon (maladie de Sever), du rachis (maladie de Scheuermann). Les causes sont la répétition des mêmes gestes, les sols durs, les chaussures inadaptées, les raideurs tendino-musculaires. Ces pathologies peuvent être prévenues en variant les gestes, les situations sportives, avec un équipement adapté, par la pratique des étirements, et surtout en ne négligeant pas les plaintes de l'enfant.

Les risques de la pratique sportive intensive chez l'enfant peuvent être :

  • biomécaniques (ostéochondrose, périostites, arrachement, fracture de fatigue...) ;
  • risque pour la croissance staturo-pondérale ;
  • retentissement pubertaire (aménorrhée primaire et secondaire) ;
  • carences nutritionnelles ;
  • retentissement psychologique (stress invalidant, troubles de la conduite alimentaire, troubles du comportement alimentaire, syndrome dépressif...) ;
  • dopage, entraînement abusif, maltraitance.

8 - Besoins nutritionnels chez le sportif

L'activité physique entraîne une augmentation de la dépense énergétique au-dessus de la dépense énergétique de repos. La nutrition du sportif doit donc répondre aux besoins nutritionnels spécifiques qui découlent des réponses physiologiques à l'exercice et de leur enchaînement. Pour cela, le sportif doit adapter ses apports au quotidien, aussi bien en quantité et en qualité qu'en termes de répartition dans la journée (repas, collations), mais aussi dans la saison (période de compétition, période de préparation physique, intersaison, arrêt ou blessure). Les caractéristiques des besoins nutritionnels du sportif sont globalement les mêmes que pour l'ensemble de la population (cf. item 48 " Alimentation et besoins nutritionnels du nourrisson et de l'enfant ", item 248 " Prévention primaire par la nutrition chez l'adulte et l'enfant "), mais adaptés à l'augmentation des besoins/dépenses énergétiques et au processus de récupération.

Le sportif occasionnel a des besoins équivalents à ceux de la population générale : glucides 50 %, lipides 35 %, protéines 15 %. Une alimentation équilibrée, diversifiée et adaptée aux conditions d'activité physique et sportive est suffisante pour couvrir les apports de la majorité des pratiquants, y compris des sportifs ayant une pratique intensive.

Pour le sportif régulier (= 3 fois par semaine), les apports recommandés sont les suivants :

  • glucides :
    – pour un sportif d'endurance : entre 5 et 10 g/kg par jour, soit 55 à 65 % de l'apport énergétique total quotidien (AETQ), pas moins de 4 g/kg par jour au risque d'altérer la performance ;
    – pour un sportif de force : au moins 50 % de l'AETQ pour assurer les synthèses en protéines musculaires ;
  • lipides : pas moins de 15 % des AETQ, entre 1,2 et 1,5 g/kg par jour en limitant les apports en acides gras saturés à 25 % des apports lipidiques et en veillant à la qualité des lipides ingérés ;
  • protéines :
    – chez le sportif de force, augmentation des apports aux alentours de 1,8 g/kg par jour. Des apports supérieurs à 3 g/kg par jour n'ont aucun bénéfice. Le maintien de la masse musculaire est obtenu pour des apports de 1,3 à 1,5 g/kg par jour. Les apports glucidiques doivent être suffisants pour procurer l'énergie nécessaire à la synthèse des protéines musculaires ;
    – chez le sportif d'endurance, les apports protéiques sont légèrement supérieurs aux apports nutritifs conseillés (ANC) pour des efforts soutenus (> 1 heure) et répétés (> 3 fois par semaine) ;
  • eau et électrolytes : débuter une épreuve dans un état de normohydratation et s'hydrater régulièrement au cours de l'effort (au minimum 0,6 litre/h). Après l'effort, boire l'équivalent du poids perdu pendant l'activité physique, auquel on ajoute 40 %, ajouter 20 à 30 mEq/l (équivalent de 0,6 à 1 g/l) de sodium dans la boisson de l'effort pour des efforts de plus de 3 heures. Les boissons énergisantes (présentées comme des stimulants de l'effort physique et intellectuel, contenant des substances comme la caféine, la taurine...) ne doivent pas être considérées comme des boissons de l'effort (dites énergétiques, qui répondent en principe aux besoins des sportifs).

Les besoins en vitamines et minéraux (et en antioxydants) des sportifs sont les mêmes que ceux de la population générale et sont assurés par une alimentation variée et équilibrée.

Chez le jeune sportif, les besoins nutritionnels sont d'autant majorés que le jeune est en croissance ; il convient là encore d'adapter les apports alimentaires.




Légende :

Dans le respect de la Réforme du deuxième cycle des études médicales (R2C), les connaissances rassemblées sur ce site sont hiérarchisées en rang A, rang B et rang C à l'aide de balises et d'un code couleur :
Connaissances fondamentales que tout étudiant doit connaître en fin de deuxième cycle.
Connaissances essentielles à la pratique mais relevant d'un savoir plus spécialisé que tout interne d'une spécialité doit connaître au premier jour de son DES.
Connaissances spécifiques à un DES donné (troisième cycle).