Aptitude au sport chez l'adulte et l'enfant
Selon l'OMS, l'inactivité physique tue autant que le tabagisme. La promotion de l'activité physique et sportive pour la santé et pour tous représente une mission importante de la médecine parce qu'elle est un facteur efficace de prévention primaire, secondaire et tertiaire d'un grand nombre de pathologies dites " non transmissibles ", et d'amélioration d'états physiologiques comme le vieillissement. Dans ce contexte, le médecin doit avoir des connaissances pour pouvoir répondre à ces missions de santé autour du patient sportif mais également du patient atteint de pathologie chronique, pour permettre une prise en charge complète du sujet pratiquant ou souhaitant pratiquer une activité physique et sportive, quels que soient son âge et son niveau, avec un objectif de protection de la santé des sportifs et de promotion de l'activité physique pour la santé et pour tous.
Quelques définitions
Les objectifs de la visite et de l'examen médical de non-contre-indication à la pratique du sport sont :
Fig. 25.1. Renouvellement de licence d'une fédération sportive. Questionnaire de santé " QS-SPORT ".
Source : https://www.formulaires.service-public.fr/gf/cerfa_15699.do.
Un certificat médical d'absence de contre-indication à la pratique sportive est nécessaire :
Ce certificat médical doit dater de moins d'un an le jour de la demande de licence fédérale ou d'inscription à la compétition.
La fréquence à laquelle un nouveau certificat médical est exigé pour le renouvellement de la licence est fixée à 3 ans sous réserve d'avoir complété un questionnaire de santé sans réponse positive, sinon le sportif se doit de produire un nouveau certificat médical.
Exemple de certificat médical de non-contre-indication : cf. encadré.
Les disciplines suivantes présentent des contraintes particulières
Alpinisme, plongée subaquatique, spéléologie, sports de combat avec possibilité de KO, armes à feu ou air comprimé, véhicules à moteur, aéronef et rugby à XV, XIII et VII. Pour ces disciplines, la délivrance ou le renouvellement de la licence ainsi que la participation à des compétitions sont soumis à la production d'un certificat médical datant de moins d'un an établissant l'absence de contre-indication à la pratique de la discipline concernée. Le certificat médical peut, à la demande du licencié, ne porter que sur une discipline ou un ensemble de disciplines connexes.
Certificat médical de non-contre-indication à la pratique du sport
Le contenu du certificat médical de non-contre-indication à la pratique du sport n'est pas figé, il peut être le suivant.
Je soussigné, docteur... (Nom et prénom du médecin, numéro RPPS ou ADELI)
certifie, au terme de mon examen de M./Mme... (nom et prénom), né(e) le... (date de naissance) demeurant... (adresse)
n'avoir pas constaté à ce jour de signes cliniques apparents évocateurs de contre-indication médicale à la pratique de... (sport pratiqué)
à l'entraînement, en loisir et en compétition (dans sa catégorie d'âge) : ...
Certificat médical réalisé à la demande de M./Mme... et remis en main propre pour faire valoir ce que de droit.
Date, lieu, signature, tamponné par le cachet professionnel du médecin
NB : En milieu scolaire, il existe une aptitude a priori, y compris pour les activités pratiquées en association sportive scolaire hormis pour les disciplines à contraintes particulières. Seules les dispenses à l'activité sportive scolaire feront l'objet d'un certificat effectué par un docteur en médecine et visé par le médecin scolaire en cas de dispense prolongée.
En cas d'anomalie à l'examen clinique et dans l'attente des examens complémentaires, le médecin ne rédigera alors pas le certificat médical de non-contre-indication, mais surtout il se doit de rédiger un certificat médical de contre-indication temporaire à la pratique du sport. Chez le jeune en période scolaire, il convient aussi de rédiger une dispense d'éducation physique et sportive. Chez le sportif professionnel, il convient de réaliser un arrêt de travail.
Si lors de l'examen médical, le médecin décèle des signes évoquant une pratique de dopage (art. L. 232-3 du Code du sport) :
Le non-respect de cette obligation est passible de sanctions disciplinaires (art. L. 232-4 du Code du sport).
Particularités de la pratique sportive intensive
La protection de la santé des sportifs pratiquant une activité sportive intense va notamment passer par un suivi médical régulier et attentif, mais également par une bonne coordination de ces professionnels. Le suivi médical pourra consister en :
Les sportifs de haut niveau (qui ne sont pas toujours professionnels) sur les listes ministérielles bénéficient d'un suivi médical réglementaire défini par un cadre légal et adapté en fonction de la discipline sportive pratiquée (art. L. 231-6, art. A. 231-3, art. A. 231-4 du Code du sport). Ce suivi médical réglementaire fait partie des éléments mis en place pour protéger la santé des sportifs.
Les grandes lignes de l'examen médical de non-contre-indication à la pratique du sport sont décrites ci-dessous, l'objectif étant qu'il soit le plus approfondi et soigné possible car il va aboutir à la rédaction d'un certificat médical qui engage la responsabilité professionnelle du médecin.
L'interrogatoire est le temps capital pendant lequel le médecin va :
Facteurs de risque et symptômes évocateurs de pathologies cardiovasculaires (+++)
Signes et symptômes d'alerte suggérant une maladie cardiovasculaire et/ou respiratoire
Complet, systématique et soigneux, orienté par l'interrogatoire et la pratique sportive.
Le reste de l'examen physique sera bien entendu orienté en fonction des antécédents et des données de l'interrogatoire comme l'examen neurologique : motricité, sensibilité, réflexes ostéotendineux, équilibre..., le bilan ophtalmologique : acuité visuelle, vision des couleurs.
L'épreuve d'effort sera systématique chez un patient symptomatique.
L'épreuve d'effort (EE) peut détecter les sténoses coronaires asymptomatiques d'au moins 60 à 70 %, mais a très peu d'efficacité pour détecter des plaques peu sténosantes mais instables avec risque de rupture. L'EE est donc faiblement prédictive de la survenue d'un événement cardiovasculaire grave lors d'une AP intense chez les sujets asymptomatiques.
Elles peuvent être transitoires (temporaires) ou définitives (permanentes), totales ou partielles ; elles peuvent être spécifiques d'un sport (tableau 25.1). Au-delà des contre-indications et/ou limitations, le praticien devra toujours évaluer le rapport bénéfice-risque pour son patient pour l'activité physique choisie avec lui et l'en informer.
Tableau 25.1. Contre-indications à la pratique sportive.
Permanentes/absolues | Temporaires | Spécifiques d’un sport (liste non exhaustive) |
---|---|---|
– Insuffisances : • respiratoire • cardiaque • rénale non stabilisées – Atteintes évolutives : • neurologiques • musculosquelettiques Cependant, dans ce type de pathologies chroniques, la pratique d’activités physiques adaptées non compétitives sera encouragée, après bilan médical soigneux, si besoin initialement dans le cadre d’un programme de réentraînement à l’effort. |
– Phase aiguë d'une maladie : fièvre (+++, risque de myocardite), infectieuse, inflammatoire – Vaccinations non à jour – Pathologies chroniques non équilibrées (diabète, maladies psychiatriques, comitialité, asthme non stabilisé...) – Pathologies de l’appareil locomoteur en cours de consolidation (plaques d’ostéosynthèse, fractures immobilisées, entorses graves…) |
– Sports de contact ou violent : perte d’un organe pair (œil, rein, gonade…), existence d’une splénomégalie, hémophilie, affections du tronc cérébral, traitement par AVK... – Boxe : myopie – Sports aquatiques : comitialité – Plongée : diabète, pathologies ORL, myopie sévère – Sports de collision, haltérophilie, équitation : affection du rachis, traitement par AVK – Dans certains sports (boxe, sport automobile…), un accident déclaré suspend automatiquement la licence ; la reprise sportive et compétitive est subordonnée à un examen médical. |
Les bénéfices de la pratique d'activités physiques et sportives pour la santé sont maintenant bien connus et supportés par de nombreuses études scientifiques. La pratique régulière d'activités physiques et sportives est une thérapeutique non médicamenteuse en soi (fig. 25.2).
L'activité physique et sportive a donc un intérêt physique, psychologique et social. Mais pour être bénéfique, la pratique sportive doit être encadrée, surveillée et soumise à certaines règles, pouvant se résumer à une pratique " 3R " : raisonnée, régulière, raisonnable.
Fig. 25.2. " L'activité physique : bénéfique pour tout le monde, à tous les âges de la vie. "
Source : ONAPS. https://onaps.fr/les-impacts-sanitaires/
La mort subite du sportif représente le principal danger. Les étiologies sont différentes en fonction de l'âge et de l'origine ethnique :
À noter que l'ECG de repos, associé à l'examen clinique, dépistera 60 à 90 % des cardiopathies responsables de morts subites contre 5 % pour l'examen clinique seul.
Au niveau de l'appareil locomoteur, les dangers de l'activité physique et sportive sont dus :
Pour une bonne protection de l'appareil locomoteur et un effet bénéfique du sport sur celui-ci, il conviendra de trouver " le juste milieu " entre le " trop " d'activité qui est nuisible et le " pas " qui n'apporte aucun bénéfice (en sachant qu'ils peuvent être ressentis dès 15 minutes de pratique par jour).
Surentraînement
Chez tout sportif, la pratique régulière devenant trop intensive ou inadaptée peut entraîner un état de surentraînement. Le diagnostic de cet état clinique est important, car le traitement principal est simple : repos sportif complet ou relatif. Les signes généraux suivants peuvent être des signes d'alerte : baisse des performances, perte de l'esprit de compétition, troubles du sommeil et de l'appétit, élévation de la fréquence cardiaque de repos et de la pression artérielle de repos, irritabilité, cortège de plaintes fonctionnelles (précordialgies, malaises...) avec des examens cliniques et complémentaires normaux. La prise en charge conseillée est la suivante :
" Triade " de l'athlète féminine
Une situation propre à l'athlète féminine est la " triade " de l'athlète féminine, pathologie complexe, multifactorielle, dans laquelle il existe une inadéquation entre les apports et la dépense énergétique, et où les désordres alimentaires prennent souvent une place importante. Elle est souvent mal diagnostiquée et difficile à prévenir. Elle associe : aménorrhée, désordres alimentaires (anorexie, alternant parfois avec boulimie, phobies alimentaires...) et ostéoporose. Cliniquement, elle se présente, plus souvent chez la jeune adulte ou l'adolescente, par des fractures de fatigue récurrentes, une maigreur, un comportement compulsif, une faible estime de soi, un perfectionniste, parfois une humeur dépressive...
Les facteurs de risque sont :
Certains sportifs présentent un véritable tableau de " dépendance à l'exercice physique " qui va les amener à continuer la pratique malgré les blessures, la fatigue, mais également à négliger leur vie personnelle et/ou professionnelle.
L'enfant est un être en croissance et en évolution constante, donc particulièrement fragile et vulnérable. Étant en croissance, il est prédisposé à des lésions spécifiques qui vont concerner avant tout les zones de cartilage de croissance et qui risqueront de compromettre la croissance de la zone atteinte. L'enfant n'est pas un adulte miniature, mais un individu à part entière qui a sa propre spécificité et sa propre physiologie qu'il faut respecter. Il est aussi un adulte en devenir, un accident pourrait laisser des cicatrices définitives ou compromettre irrémédiablement son avenir.
Chez l'enfant, la pratique d'activités physiques et sportives a des bénéfices pour le développement physique, intellectuel, social et psychologique, l'épanouissement, l'intégration du schéma corporel, le contrôle postural, la coordination, l'équilibre, la latéralité, l'orientation dans l'espace...
Les bénéfices sont donc :
On peut considérer l'activité physique et ou sportive comme une thérapeutique non médicamenteuse indispensable dans les pathologies chroniques.
et leur prévention
Les risques chez l'enfant sont liés :
Chez l'enfant, l'appareil locomoteur est en croissance. Les maladies de croissance du jeune sportif sont fréquentes dans cette période de fragilité de 9 à 15 ans. Ces pathologies vont se présenter par une douleur d'une extrémité osseuse, d'apparition progressive ou brutale lors de la pratique sportive, d'horaire mécanique, toujours bénigne mais d'évolution souvent longue. Les plus fréquentes sont les apophysoses de croissance, principalement au niveau du genou (maladie d'Osgood-Schlatter), du talon (maladie de Sever), du rachis (maladie de Scheuermann). Les causes sont la répétition des mêmes gestes, les sols durs, les chaussures inadaptées, les raideurs tendino-musculaires. Ces pathologies peuvent être prévenues en variant les gestes, les situations sportives, avec un équipement adapté, par la pratique des étirements, et surtout en ne négligeant pas les plaintes de l'enfant.
Les risques de la pratique sportive intensive chez l'enfant peuvent être :
L'activité physique entraîne une augmentation de la dépense énergétique au-dessus de la dépense énergétique de repos. La nutrition du sportif doit donc répondre aux besoins nutritionnels spécifiques qui découlent des réponses physiologiques à l'exercice et de leur enchaînement. Pour cela, le sportif doit adapter ses apports au quotidien, aussi bien en quantité et en qualité qu'en termes de répartition dans la journée (repas, collations), mais aussi dans la saison (période de compétition, période de préparation physique, intersaison, arrêt ou blessure). Les caractéristiques des besoins nutritionnels du sportif sont globalement les mêmes que pour l'ensemble de la population (cf. item 48 " Alimentation et besoins nutritionnels du nourrisson et de l'enfant ", item 248 " Prévention primaire par la nutrition chez l'adulte et l'enfant "), mais adaptés à l'augmentation des besoins/dépenses énergétiques et au processus de récupération.
Le sportif occasionnel a des besoins équivalents à ceux de la population générale : glucides 50 %, lipides 35 %, protéines 15 %. Une alimentation équilibrée, diversifiée et adaptée aux conditions d'activité physique et sportive est suffisante pour couvrir les apports de la majorité des pratiquants, y compris des sportifs ayant une pratique intensive.
Pour le sportif régulier (= 3 fois par semaine), les apports recommandés sont les suivants :
Les besoins en vitamines et minéraux (et en antioxydants) des sportifs sont les mêmes que ceux de la population générale et sont assurés par une alimentation variée et équilibrée.
Chez le jeune sportif, les besoins nutritionnels sont d'autant majorés que le jeune est en croissance ; il convient là encore d'adapter les apports alimentaires.
Légende :
Dans le respect de la Réforme du deuxième cycle des études médicales (R2C), les connaissances rassemblées sur ce site sont hiérarchisées en rang A, rang B et rang C à l'aide de balises et d'un code couleur :
Connaissances fondamentales que tout étudiant doit connaître en fin de deuxième cycle.
Connaissances essentielles à la pratique mais relevant d'un savoir plus spécialisé que tout interne d'une spécialité doit connaître au premier jour de son DES.
Connaissances spécifiques à un DES donné (troisième cycle).